vendredi 16 mars 2012

Comment ça va après 75 jours ?

J’ai rencontré une amie qui m’a dit, avec une réelle compassion : comment vas-tu ? C’est pas facile ce que vous vivez !

Euh… Cela en surprendra sûrement plusieurs, (ça me surprend un peu moi-même de voir que tout se déroule aussi bien chez-nous malgré tout), mais je vais bien, très bien même!

Franchement, c’est certain que si vous m’aviez donné le choix, j’aurais jamais choisi de vivre cette situation de conflit de travail, mais je ne peux pas vous dire que je trouve la situation difficile.

Cette rencontre m’amené à me questionner sur le pourquoi de mon état d’âme et sur le climat qui est très bon également pour tous à la maison.

C’est vrai que dès l’automne, nous avions débuté à nous préparer au cas où il y aurait un conflit, c’est-à-dire faire attention à nos dépenses, couper dans le luxe, retarder de gros achats, mettre de l’argent de côté, conscientiser nos deux adolescents sur les impacts possibles sur nos finances, etc.

C’est certain que cela contribue à notre sentiment de sécurité, de bien-être, mais si j’y pense quelques instants, j’ai du couper le plus dans mes dépenses de «filles» (mon mari dirait : ça coûte cher une poule de luxe) et logiquement, je devrais donc me sentir déprimée ou frustrée… pourtant c’est loin d’être le cas.

Mon attitude positive face à la situation m’aide sûrement un peu. Je suis convaincue que de prendre la décision de voir le verre à moitié plein au lieu de me plaindre sur ce que je n’ai pas m’aide à être sereine au quotidien dans la présente situation, mais cela n’explique pas tout.

Il y a une chose qui me surprend et qui me touche vraiment depuis le début de ce conflit et à laquelle je n’aurais jamais songé, c’est l’expérience de la solidarité sous ses différentes facettes, mais oh ! combien motivante et rassurante ! Celle qui donne confiance dans le genre humain, où l’on se dit que tout n’est pas perdu parce qu’avouons-le, on est vite sur le piton pour critiquer l’autre, pour se tirer des tomates entre nous, pour chialer sur tout (nos politiciens, nos systèmes de santé et d’éducation, les syndicats, les étudiants, les médias, les riches, etc. (J’arrête là, je pense que vous avez sûrement compris l’idée)  ;-P

Voilà qu’arrive une situation difficile touchant 780 travailleurs et je découvre au fil des jours,  une gang d’hommes et de femmes qui partagent un même but, qui se tiennent et qui se soutiennent l’un, l’autre. D’ailleurs, j’aime bien regarder la page Facebook du syndicat pour lire les messages et voir sur les nombreuses photos mises en ligne, la camaraderie, la solidarité, le plaisir. Eh oui !  Le plaisir qu’ont les syndiqués à être ensemble sur la ligne de piquetage, le plaisir des familles lors des activités, etc. Je trouve ça beau, cela me rassure et me donne confiance en l’avenir.

Ensuite, il y a la solidarité offerte par ceux et celles qui viennent donner leur appui aux lock-outés. Par exemple, les messages de solidarité et les nombreux gestes d’appui des syndiqués du Roberval Saguenay et d’Énergie Électrique depuis le début du lock-out, le défilé d’appui organisé par une citoyenne, des syndiqués de Toronto faisant plusieurs heures d’autobus pour venir donner leur appui sur la ligne de piquetage, etc.

À chaque fois que je lis un petit mot comme celui-là sur la page Facebook du syndicat, ça me touche droit au cœur, au point que j'en viens les yeux pleins d'eau.


Que dire des messages de solidarité provenant de divers pays !  Je me suis senti très émue par cette photo montrant des travailleurs de mines Turcs tenant une banderole d’appui aux gens d’Alma, alors que les conditions de la mine en arrière-plan, m’a fait dire : pauvre eux autres, c’est nous autres qui devraient les appuyer !

Tous ces exemples de solidarité me donnent confiance en l’avenir, mais également me pousse à être une meilleure personne pour  les autres, à cultiver des qualités d’écoute envers ce que vit mon prochain, de respect de l’autre, de ses opinions, de ses perceptions...

Merci à toutes celles et à tous ceux qui démontrent cette belle solidarité, chaque petit geste peut faire la différence pour au moins une personne.

Nancy 

vendredi 9 mars 2012

Journée de la femme


Belle fin de soirée pour cette journée de la femme !

C’est drôle en écrivant cela, je réalise que c’est la première fois que je souligne la journée de la femme…  Auparavant, c’était une journée comme les autres pour moi et je n’en faisais jamais grand cas. Disons que j’avais une idée un peu négative du féminisme. Ayant reçu en héritage la liberté, l’égalité entre les sexes ainsi que de bonnes conditions de vie; je n’avais pas compris l’importance des combats menés par les femmes des générations précédentes et toutes les répercussions positives dans ma vie de femme. Eh oui ! Ce lock-out aura contribué à me faire faire une très grosse réflexion sur mes valeurs et mes croyances ! Et ce n’est sûrement pas fini !

Pour en revenir à nos moutons, je voulais vous parler de l’activité à laquelle j’ai participé ce soir. Toutes les femmes touchées par le lock-out, travailleuses et conjointes, étaient invitées à un 5 à 7 à l’occasion de la journée de la femme. Près de 100 femmes se sont retrouvées pour partager un bon moment entres elles.

Pour ma part, j’attendais ce moment avec impatience et pour moi, ce fut un réel plaisir de retrouver des amies, mais également de revoir quelques femmes rencontrées sur les lignes de piquetage et avec qui j’avais développé une certaine affinité. Et que dire du bonheur de pouvoir discuter de ce que je vis sans peur d’être jugée, sans me poser de questions sur ce que je peux dire ou devrais dire et surtout, de savoir que l’autre peut me comprendre puisqu’on partage la même expérience. Nous avons discuté d’un peu de tout, nous avons bien rigolé de nos hommes et leur nouvel attrait pour Facebook, de notre sortie de couple hebdomadaire à l’épicerie, des changements apportés à notre style de vie, de nos enfants, etc. Tout ça dans la bonne humeur et le plaisir. Mais le sujet le plus important avec mes copines de table ce soir est sans aucun doute, que nous sommes toutes convaincues que nos conjoints ont pris leur décision en toute connaissance de cause, avec toute leur tête et que ce qu’ils ont vécu à l’intérieur de l’usine ne devait pas être rose dans la dernière année. N’en déplaise à un certain monsieur, j’ai vu ce soir des femmes toutes aussi déterminées que moi à soutenir leur homme jusqu’au bout.

Avant de terminer, je me dois de mentionner la participation d’Anne, la conjointe de Marc Maltais, président du syndicat de l’accréditation horaire, qui a pris le temps de venir jaser à toutes les tables et de répondre à nos questions. Merci Anne, ce fut un moment fort agréable en ta compagnie.

Pour toutes les femmes impliquées de près ou de loin dans ce présent conflit, je nous souhaite d’être à la hauteur de ce que les femmes des générations précédentes nous ont légué par leurs batailles et qu'à notre tour, à la fin de ce conflit, nous soyons fières de ce que nous pourrons léguer aux générations futures.

Nancy

J'oubliais de dire un gros merci à Suzie et à son équipe pour l'organisation de cette belle activité, ainsi qu'aux commanditaires. (Coq Rôti d'Alma , Intersport de la Plaza et Chocolat extrême)

jeudi 1 mars 2012

Quoi ? Le «wife influence factor» ?


Pas toujours facile d'écrire un blogue sur mon vécu sans vous partager mes opinions personnelles. Voilà pourquoi ça me prend un peu de temps parfois à vous écrire un nouveau billet. Par contre, quand je me sens attaquée personnellement, je crois bien que je peux déroger un peu à cette règle...

Que dire des derniers jours… Ils se suivent, mais ne se ressemblent pas. Mardi, nous avions droit à la contre-attaque de la compagnie dans tous les médias et mercredi, c’est l’entente secrète entre le gouvernement du Québec, Hydro-Québec et RTA qui fait la manchette. Je ne commenterai ni l’une ou l’autre de ces nouvelles, car une petite recherche sur Internet vous permettra d’être inondés d’articles sur ces sujets.

En tant que conjointe d’un lock-outé, j’ai envie de vous parler d’un tout petit paragraphe paru dans le journal Le Quotidien d’hier matin qui m’a fait sortir de mes gonds. (Quelques lignes probablement passées inaperçues pour la grande majorité des lecteurs). Une chance que j’étais dans un endroit public, je me suis retenue pour ne pas exploser face à cette déclaration, on ne peut plus surprenante.

Monsieur Étienne Jacques, président métal primaire chez RTA, parle du «wife influence factor» sur les lock-outés qui joue un rôle bien différent que l'influence retrouvée sur les lignes de piquetage. Non mais, dites-moi que je rêve !  Quand avez-vous fait le tour des maisons de vos lock-outés pour faire une telle affirmation ? Je vous invite pour un café si vous le désirez, je vais vous le montrer moi, c’est quoi le «wife influence factor» chez-nous! Je ne crois pas que nous ayons la même définition du phénomène. D’ailleurs, j’ai cherché sur Internet, je n’ai rien pu trouver à ce sujet, alors si quelqu’un peut m’apporter la définition ou une étude réelle la-dessus, je serais intéressée.

En attendant, je vais vous expliquer ma vision de ce phénomène tel que je le vis réellement depuis deux mois…

Je l’ai dit dès le départ dans mon premier billet (illuminée et fière de l’être); je n’ai jamais été syndicaliste et ce sont mes valeurs profondes qui ont été bousculées par le déclenchement de ce conflit. Eh bien, après deux mois, laissez-moi vous dire que je suis devenue une militante convaincue ! Un peu grâce à vous d’ailleurs, monsieur Jacques.

Personnellement, ma meilleure décision à vie, c’est d’avoir dit OUI à mon mari lors de notre mariage il y a 15 ans, alors ne soyez pas inquiet pour nous, monsieur Jacques, je vais être à ses côtés jusqu’au bout.. D'ailleurs, depuis le début du conflit, j’appuie mon conjoint à 100%, j’assiste à toutes les activités auxquelles il m’est possible de me rendre, je l’encourage même à s’impliquer, à faire sa part dans SON syndicat… En plus, je me questionne souvent sur la façon dont je pourrais en faire davantage pour les conjointes et disons que votre déclaration m’encourage à me pencher sérieusement sur la question.

J’ai entendu vos propos sur le président du syndicat, sur vos employés; j’ose espérer que les conjointes des lock-outés ne seront pas vos prochaines victimes ! Vous pourriez rester surpris du facteur d'influence féminine si on s'y met !

Et vous les conjointes, qu’en pensez-vous ?  Les conjoints aussi vous pouvez vous exprimer, j’imagine qu’il doit bien y avoir un «husband influence factor» !   Question d'égalité ;-P

Avez-vous des idées pour que l’on puisse s’entraider entre nous et ainsi démontrer que nous sommes solidaires à 100% avec nos conjoints, conjointeset ce, jusqu’au bout ?

J’attends vos réflexions et vos idées !
Nancy