lundi 23 avril 2012

La journée du "Wife piquetage"

Samedi 21 avril, 200 femmes (conjointes, amies, mères, filles… d’un lock-outé) ont pris d’assaut les lignes de piquetage vêtues d’un chandail rose créé pour l’occasion. Même la tempête de neige ne nous a pas empêché d’être debout sur les lignes avec pancartes, chansons et bonne humeur.

Hé oui ! Que de plaisir avec ma gang de piquetage ! Je n’en connaissais que quelques unes sur la quinzaine que nous étions (injonction oblige !) sur les deux sites de piquetage, mais laissez-moi vous dire que cette activité m'a permis de rencontrer des femmes sympathiques et dynamiques, j'ai appris à les connaître, nous avons partagé ce que l’on vit et j'ai vu ma liste de nouvelles amies s’allonger.  

Que dire de nos activités imprévues comme celle d'aller marcher jusqu'aux feux de circulation de l'avenue du Pont pour saluer les automobilistes. 200 femmes vêtues de rose, ça doit être bien épeurant car nous avons eu droit à l'hélicoptère de RTA survolant au-dessus de nos têtes ainsi qu'aux nombreux passages des agents de sécurité Garda, caméras et appareils photo immortalisant le moment. Après le dîner, nous leur avons finalement facilité la tâche en se rendant nous-mêmes leur offrir un tour de chant devant la barrière aux quatre stops. Notre belle chaîne de solidarité leur a permis de mettre à jour leur catalogue de portrait de famille. Il leur reste juste à trouver la conjointe qui va avec le lock-outé !
Sur le chemin du retour au bureau du syndicat, plusieurs lock-outés nous attendaient sur le bord de la route et on pouvait y lire la fierté de voir toutes ces femmes, leurs femmes, s’impliquer davantage et démontrer publiquement qu’elles sont solidaires de leurs conjoints et du combat qu’ils livrent. Et nous serons là jusqu’à ce fameux : un jour de plus…
Le 1er mars, j’écrivais un billet où je partageais ma colère face à la déclaration d’Étienne Jacques, concernant le wife influence factor… je ne sais pas si lui s’en mord les doigts aujourd’hui, mais moi finalement, je lui dis MERCI ! Grâce à ces belles activités de femmes, je sais que je suis plus forte, que mon conjoint se sent plus fort en me sachant à ses côtés et que le slogan SO SO SO SOLIDARITÉ, ce n’est pas que de belles paroles que nous criions sur les lignes, mais bien ce que nous vivons et partageons réellement tous ensemble…
Merci au syndicat et aux femmes, qui en ont la responsabilité, de nous permettre de vivre ces belles activités. Merci aussi aux hommes qui ont contribués à cette journée par votre méchoui, vos petits gâteaux, vos danses, vos folies...
Merci les frères (euh les soeurs) Poudrier !

Vive le "Wife influence factor" !
Nancy


jeudi 12 avril 2012

Le train de la solidarité


Par quoi commencer quand on a vécu toute la gamme des émotions au cours de la dernière semaine et qu’en même temps on a l’impression qu’il ne s’est rien passé… je devrais plutôt dire que rien n’a avancé.

Je m’explique : on ne peut empêcher une fille positive d’espérer un heureux dénouement à chacune des fois où l’on annonce la reprise des négociations.  Alors imaginez mes attentes lorsque la compagnie a demandé à reprendre les négociations et cela en plein vendredi saint…  (Ça doit être du sérieux ! Il me semble que c’est le bon moment pour voir arriver un miracle non ! )

Eh bien non ! Que de déception vendredi après-midi lorsque j’apprends que la compagnie a annoncée en conférence de presse qu’elle rompt le processus de discussion. (Voyons Nancy, t’avais oublié que dans l’histoire, vendredi saint ça souligne la crucifixion pas le miracle !)

Samedi matin, au bulletin de nouvelles j’apprends qu'un inspecteur du ministère du Travail a trouvé deux briseurs de grève dans l’usine Alma. Wow ! Super nouvelle ! Mais qui va l’avoir entendu ? Il me semble que l’expression vouloir noyer le poisson s’applique bien à la situation. Le service des communications de RTA aurait pas mieux réussi que ça pour diffuser une information compromettante…

Mercredi après-midi,visite sur les lignes de piquetage de Réjean Parent, président de la CSQ accompagné de plusieurs représentants syndicaux de la région afin d’appuyer les lock-outés. Deux choses m’ont marquées : la première, un peu cocasse, étant l’appréciation se lisant sur le visage de monsieur Parent et son petit commentaire : il est vraiment bon, à sa vice-présidente sur la scène lorsque Marc Maltais, président du syndicat de l’usine Alma, s’est adressé avec fougue à ses membres.Si un syndicaliste de cette trempe est impressionné par monsieur Maltais, les lock-outés sont entre bonnes mains !

La deuxième chose est lorsque monsieur Parent a du interrompre son discours au passage du train de Roberval Saguenay. Quel beau moment de solidarité ! Voir ce train roulant a très basse vitesse, le sifflet résonnant sans perdre haleine, un cheminot à l’extérieur saluant les lock-outés rassemblés qui eux, de leur côté, applaudissent à tout rompre ces hommes qui ont démontré une solidarité et un appui sans failles dès le début du conflit. Moi ça me chavire à chaque fois, les larmes me montent aux yeux immanquablement…

Imaginez si cette solidarité là me touche au plus profond comme conjointe ce que cela peu apporter aux lock-outés. Peu importe ce que l’avenir apportera, j’aurai toujours un petit baume au cœur lorsque, dorénavant, je croiserai un train du Roberval Saguenay sur la route.

Merci à vous tous, chers travailleurs du Roberval Saguenay !

dimanche 1 avril 2012

Marche de la solidarité


Non, non, je n’ai pas abandonné mon blogue !

Ne soyez pas inquiets si je n’ai rien écrit ces derniers temps… j’ai pris une petite pause de deux semaines pour aller retrouver mes parents en Floride. Je croyais que je continuerais d’écrire un mot ou deux durant mes vacances, mais étant bien loin d’Alma, j’en ai finalement profité pour ne pas trop penser à ce lock-out et à toutes ses répercussions sur nous et notre communauté… De toute façon, j’ai l’impression que 14 jours dans ce conflit, c’est bien peu… en espérant que je me trompe !

Par contre, il m’était impensable de ne pas être de retour pour la marche de la solidarité du samedi 31 mars. J’y suis allé en compagnie de mes deux ados et de quelques amis; mon conjoint quant à lui a vécu cet évènement en tant qu’un des responsables de la sécurité.

À notre arrivée au lieu de rassemblement à 13h15, il y avait une foule incroyable. Nous étions tous émus en regardant les nombreux drapeaux aux couleurs de différentes organisations syndicales provenant de différentes régions du Québec et du Canada, de l’Australie, de l’Afrique du Sud, de la France, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, des États-Unis, du Mexique…Quel spectacle émouvant !



Plus de 7000 personnes qui, pour certains, ont mis de côté leurs différences syndicales.

Plus de 7000 personnes venues des quatre coins du globe, afin de soutenir 780 travailleurs mis en lock-out par une entreprise privée.

Tel que le disait le président du syndicat de l’usine Alma, lors de son discours après la marche : "on n'est pas seul sur la banquise"  Et j’ajouterai qu'elle était pas mal grosse la banquise samedi et que cela réchauffait le coeur de ceux et celles jetés sur la banquise le 31 décembre dernier !

Pendant cette journée mémorable, je n'ai pu m’empêcher de croire que je participais probablement à un évènement historique dans l’histoire du Québec et j’en suis fière…Même si ce conflit me demande certains sacrifices, même si certains commentaires peuvent être blessants, même si la bataille de ces 780 lock-outés n’est pas gagnée d’avance; j'aurai au moins la fierté de toujours pouvoir me dire que j’ai fait ma part pour tenter de changer les choses…  et cette fierté, personne ne pourra me l’enlever et ce, peu importe l’issue de ce conflit.

Merci plus de 7000 fois à tous ceux et celles qui se sont présentés à cette marche, cet événement m’a montré une nouvelle fois, un autre visage de ce qu'est la véritable solidarité. 

Nancy

Liens intéressants concernant la marche de la solidarité